LE GADOLINIUM DE SAN FRANCISCO, histoire d’une chélation qui tourne mal (2/2)

LE GADOLINIUM DE SAN FRANCISCO

…Histoire d’une chélation qui tourne mal (2/2)…

 

A /INTRODUCTION

Le titre de cet article aurait pu être celui d’une série à succès avec Michael Douglas et Karl Malden, mais dans la réalité la baie de San Francisco a un problème avec le gadolinium (=Gd). Comme avec Chuck Norris, dont nous avons parlé dans un article précédent [ https://wp.me/p9ZUAO-rl][1]. Cet article aurait pu s’appeler : plaidoyer pour une chélation urinaire.

Le gadolinium est un métal lourd toxique. Il est couramment utilisé en radiologie depuis les années 80. Le gadolinium est utilisé en association avec un chélateur, pour ne pas être toxique lors de l’injection pendant l’examen I.R.M. En tant qu’agent de contraste, il permet de mieux voir les tissus mous ou vaisseaux sanguins que le scanner. Ce n’est plus un produit de contraste sans danger pour le patient car il peut provoquer des maladies chroniques. Le problème, c’est qu’il devient aussi un polluant dans le temps. En effet, des millions de patients ont été injectés au gadolinium ces 30 dernières années. Malheureusement, ils deviennent pollueurs en urinant le gadolinium, et comme pour les oestro-progestatifs (pilules des femmes), cet ion toxique se retrouvera dans les cours d’eau. Du fait de ces multiples utilisations, sa production a décuplé.

L’utilisation du gadolinium est incluse dans le vaste développement technologique utilisant ce que l’on appelle les terres rares. Devant la méconnaissance des conséquences de l’accroissement de la pollution au gadolinium et des terres rares, les scientifiques commencent à tirer la sonnette d’alarme.

Cet article s’inspire en partie des travaux de l’équipe Polonaise de Justyna Rogowska et Coll. (2018) [1], de l’équipe américaine de Vanessa Hatje [2] et de l’équipe Mexicaine du Dr. Elizalde-González et Coll. [4].

B°/ Les métaux lourds, les pesticides et le gadolinium

On le sait, les métaux lourds et pesticides éjectés provoquent à terme des maladies chroniques. Vaut mieux ne pas boire l’eau d’un puits que l’on ne connait pas à notre époque ; certaines études évoquent un risque de Parkinson ou de maladies dégénératives plus grand. Nos agriculteurs ne sont plus en aussi bonne santé qu’auparavant du fait de pratiques chimiques.

Les stations d’épurations font face à de nouvelles molécules, des nanoparticules, des antibiotiques, du gadolinium qu’elles ne savent pas bien éliminer. Un robinet avec des filtres dans nos maisons n’est pas une coquetterie à notre époque, mais le constat d’une nécessité préventive de dépollution.

Les usines de dépollution ne savent pas traiter ce gadolinium. De ce fait, il se retrouve dans l’écosystème aquatique. Les données sont en cours d’exploration (comme dans la baie de San Francisco) et elles sont peu nombreuses.

Or, ce fameux gadolinium est très utilisé en médecine et cela n’est pas près de s’arrêter.

C / Quelle est la quantité de gadolinium rejetée dans la nature ?

En Allemagne, l’émission de gadolinium par les hôpitaux est estimée à 132 kg d’après une étude des années 2000 (ce qui laisse présager que maintenant, c’est plus).

D’après le même article, en 1999, plus de 1000 kg de gadolinium ont été émis dans les eaux de surface en Allemagne. Ce qui représente 5 % de la quantité mondiale de gadolinium pour l’utilisation médicale. Les taux de gadolinium sont en constante augmentation dans les eaux des pays développés, notamment dans les zones proches d’unités hospitalières importantes.

D / Pourquoi utilise-t-on le gadolinium ?

Le gadolinium fait partie de la classe des lanthanides, des terres dites « rares ». En France, il n’y a pas de gisement de terres rares (au moins officiellement car c’est devenu un domaine stratégique) [5]. Il représente 1.7 % de la production mondiale des terres rares. Du fait leurs propriétés magnétiques, elles ont de multiples utilisations (nucléaires, radiologies, nanotechnologies, voitures électriques, CD, micro-ondes, lampe Led…). Les terres rares ont les retrouvent partout, même dans la composition de l’encre nos billets de banque ! (composition secrète, je ne la connais pas…) [5]. Il existe une demande croissante de ces terres rares, la Chine est le leader mondial des terres rares dans la production et le commerce.

Il existe différentes molécules de gadolinium (isotopes) qui seront exploitées selon leurs qualités. Et l’un des plus grand succès du gadolinium depuis les années 80 est son utilisation en tant que produit de contraste lors des I.R.M. Sa consommation a décuplé de 1998 à 2008.

On utilise 1 gramme de gadolinium par patient lors d’une I.R.M. D’après une étude Allemande de 2002, un service de radiologie hospitalier utilise 25 grammes par semaine (soit une estimation de 4, 2 kg par an pour un centre hospitalier universitaire moyen).

E / Le paradoxe du gadolinium chélaté

Le gadolinium « naturel » sans ajoût de molécules semble rapidement dissous dans les eaux. Paradoxalement, le gadolinium « artificiel » que l’on nous injecte est chélaté afin d’être évacué et non toxique pour nous, mais dans la nature, il sera moins « dissous ». Il restera plus longtemps en tant que contaminant dans l’environnement. C’est même grâce à ce phénomène que les géologues ont une traçabilité du gadolinium dans les eaux polluées.

F / Du gadolinium dans l’eau potable Berlinoise !

Oui, vous ne rêvez pas, nous avons bien écris dans l’eau potable. Voici l’extrait traduit de l’article de Justyna Rogowska : « …L’étude de la présence de Gd-dans l’eau du robinet recueillie en Allemagne (dans les quartiers de Berlin) montre que la concentration de gadolinium a augmenté significativement entre 2009 et 2012, des quantités de gadolinium de 1,5 (quartier de Zehlendorf) et 11,5 (quartier de Jungfernheide) fois plus élevée qu’en 2009. Des chélates de gadolinium ont également été identifiés dans l’eau potable recueillie dans les zones urbaines à des niveaux allant jusqu’à environ 18-30 ng / L. De plus, il a été observé que les processus de désinfection de l’eau potable réduisent seulement la quantité de chélates de Gd-de type BT-DO3A (de 4,7 à 7,7 ng / L en dessous de 4 ng / L) mais les niveaux de Gd-DOTA et Gd-DTPA sont constants » [2].

C’est incroyable mais vrai…Que dire alors aux gens buvant de l’eau potable « gadolinée » ?…Qu’en pensez-vous, chers lecteurs de ce blog ?… Ces gens vont accumuler sournoisement ce toxique…

Berlin n’est que le reflet de ce qui se passe également pour les autres villes avec des grands centres hospitaliers équipés de service de radiologie (Europe, San Francisco…).

G / Le cas typique de la baie de San Francisco

Selon l’article de Hatje V. [1], la concentration de gadolinium a plus que quintuplé en deux décennies en raison des applications médicales dans la baie de San Francisco. Ceci est probablement le cas dans les grandes villes françaises. Cet article rapporte en parallèle l’augmentation des autres terres rares (liés à l’utilisation des nouvelles technologies). De ce fait, une « synergie toxique » est possible, car les lanthanides (terres rares et gadolinium) partagent des caractéristiques communes…Le problème du gadolinium dans la nature est interdépendant des autres composés. Ce qui au départ est un problème d’injection chez un patient pour I.R.M devient un problème de toxicité cumulée générale dans la nature. Il existe peu donnée sur ces géo-cycles des lanthanides.

H / Quelles précautions ?

On envisage de moderniser les stations d’épuration pour améliorer les rendements de filtration.

On a également essayé de traiter l’urine du patient qui a été injecté au gadolinium avant qu’elle ne rentre dans le réseau des eaux usées. C’est-à-dire, que le patient urine dans un filtre de charbon actif. L’efficacité de cette technique serait de 70 à 90 %, ce qui n’est pas négligeable. Nous verrons si cette technique se développe à l’avenir [4]. En plus de cela, dans les conditions normales, le gadolinium s’élimine du corps en 24 heures.

les radiologues et patients concernés par le gadolinium doivent RÉAGIR !

Faites une chélation de l’urine du patient par du charbon actif pendant plusieurs jours après l’I.R.M.

Messieurs les radiologues, développez un protocole à la sortie d’une I.R.M afin que les eaux de votre ville ne soient pas polluées au gadolinium. Les travaux de l’équipe Mexicaine de la doctoresse Elizalde-González prouvent que c’est possible [4]. Contactez-les Mexicanos !

Messieurs les maires et directeurs d’hôpitaux de grandes villes : veuillez contacter ces équipes mexicaines ! C’est une pollution facilement évitable à la source avec la coopération du patient.

Et on l’espère, un jour, une volonté politique fera que cette pollution soit diminuée drastiquement par une simple chélation du « pipi » du patient en radiologie. La radiologie est la principale source de pollution de gadolinium dans la nature.

I / Conclusion

Les données de toxicologie dans la nature de chélates de gadolinium sont encore faibles. Certains organismes vivants sont plus sensibles que d’autres aux chélates. Mais en raison des effets négatifs du gadolinium libre, une extrême prudence est de rigueur. C’est clair, il s’agit d’une nouvelle pollution directement liée à l’activité médicale radiologique depuis 30 ans. Dans les grandes villes, le gado se retrouve dans l’eau de surface, l’eau potable et immanquablement chez les plantes et les animaux…puis dans nos assiettes…

Les campagnes auront aussi leurs doses de gadolinium. Le « paysan » qui va faire son I.R.M en ville, urinera dans les 24 heures et plus son gadolinium dans sa douce prairie. A moins que celui-ci ne chélate son urine après examen.

Quelles sont les conséquences pour les gens sensibles, au système immunitaire défaillant ? Particules de diesel, plomb, aluminium, mercure, nanoparticules ; on rajoute du gadolinium à ce cocktail (ne vous en faites pas, c’est juste quelques nanogrammes…) et des terres rares. Cette synergie toxique est encore mal connue et les gouvernements surveillent de très près cette pollution croissante.

L’utilisation du gadolinium n’est pas prête de s’arrêter, car on pense même à faire des nanoparticules composées gadolinium associée à un agent thérapeutique [3]. C’est aux autorités et aux radiologues de réagir. Nous ne savons pas s’il y a une réelle volonté d’arrêter cette pollution au gadolinium bien précisée. Il reste qu’il y a des initiatives pour faire des examens I.R.M sans injection de gado comme en témoigne cette thèse de Raoult H. de la faculté de Rennes avec des nouvelles I.R.M dites à « 3 Tesla » [6].

Peut être un radiologue pourra nous en dire plus…

J / Références et notes

[1] Hatje V. et coll. Increases in Anthropogenic Gadolinium Anomalies and Rare Earth Element Concentrations in San Francisco Bay over a 20 Year Record. Environ Sci Technol, 2016.

[2] J Rogowska et al. Gadolinium as a New Emerging Contaminant of Aquatic Environment. Environ Toxicol Chem.2018.

[3] Ce que l’on appelle les « small rigid platforms » : voir cette thèse disponible : J. Morlieras, Fonctionnalisation de nanoparticules à base de gadolinium à visée thérapeutique.Université de Lyon I, 2013.

[4] Elizalde-González MP et coll. Removal of gadolinium-based contrast agents: adsorption on activated carbon. Environ Sci Pollut Res Int. 2017

[5] Bru K. et coll. Panorama mondial 2014 du marché des Terres Rares. Rapport public. BRGM/RP, 194 pages, 2015.

[6] Hélène Raoult. Angio-RM morphologique et dynamique sans injection de contraste dans l’exploration des pathologies neurovasculaires à l’étage cervical et encéphalique. Thèse de l’université de Rennes 1, 2014.

 

 

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